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Des produits solaires qui donnent du répit aux communautés défavorisées

7/12/2011

Au Salvador, des kits solaires fabriqués par des personnes handicapées vont contribuer à la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. 

Le SalvaSol Basic est une petite station de recharge portative qui a la forme d’une lampe et qui fonctionne à l’énergie photovoltaïque. Elle est principalement destinée aux foyers des zones rurales qui ne sont pas rattachés au réseau électrique national. La station peut alimenter une lampe LED en énergie jusqu’à 14 heures, charger des téléphones portables, alimenter un poste radio et recharger des piles AA pour les lampes torches et radios. On peut la recharger avec un panneau solaire de 5W. 

Cela signifie que les foyers ruraux pourront, non seulement économiser de l’argent sur les bougies, lampes à huile et autres batteries jetables mais aussi développer leurs activités commerciales et augmenter leurs revenus grâce à l’utilisation du téléphone mobile. Les étudiants pourront travailler plus tard le soir grâce à un éclairage amélioré et ce, sans exposer leurs yeux ou poumons à la fumée des lampes à huile. 

À travers cette initiative, Rainer Mutschler-Burghard, chargé de projet, a pour ambition d’offrir des avantages socio-économiques à des foyers salvadoriens touchés par l’extrême pauvreté et également de créer des emplois pour les plus défavorisés. En effet, la fabrication du produit est réalisée par des personnes en situation de handicap. 

Un groupe de jeunes gens de l’Association Salvadorienne pour le Soutien des Handicapés Mentaux (ASPAPREM), âgés de 17 à 35 ans, ont été formés à l’assemblage de cet équipement, sous la tutelle d’un superviseur. Le montage des pièces est effectué bénévolement par des étudiants de l’Université de Don Bosco au Salvador. À ce stade du projet, l’ASPAPREM touche une commission pour chaque produit assemblé par un de ses membres. À terme, le but « est d’envisager la possibilité d’employer directement deux ou trois de ces jeunes », affirme Mutschler-Burghard.

Le produit SalvaSol Basic est le fruit d’une invention d’ENFOCA (Stations innovantes de recharge photovoltaïque contre la pauvreté au Salvador) – l’un des 26 projets primés lors du Concours d’Innovation Energétique IDEAS 2009, sponsorisé par GVEP International, la Coopération technique allemande (GIZ) et le gouvernement sud-coréen. 

Avec le SalvaSol Basic, le projet s’attaque à quatre des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : l’éducation, la santé, le développement durable et l’éradication de la pauvreté. Il concilie l’accès à l’énergie via l’éclairage (grâce aux lampes LED) et à la communication (chargement de téléphones portables) ainsi qu’à l’accès à l’information (radio). 

Bien que le manque d’accès à l’énergie ne soit pas aussi critique qu’au Honduras et au Nicaragua voisins, au Salvador, un huitième de la population – soit environ 150 000 familles – n’est pas connecté au réseau électrique. C’est ce qui ressort des études menées par l’équipe de Mutschler-Burghard. La plupart de ces familles vivent dans le district de Morazán, à l’est du pays, où ENFOCA concentre ses efforts pour promouvoir ce produit solaire. 

Le SalvaSol Basic a récemment été introduit sur le marché à El Salvador, la capitale du pays, grâce à un avantageux système de microcrédit. À l’occasion de son lancement, ENFOCA, accompagné de ses principaux sponsors, a livré les premiers produits finis aux représentants de Los Gramales City, dans la municipalité de Caluco. La ville n’a pas l’électricité et se situe dans une zone touchée par l’extrême pauvreté. 

Le partenaire clé qui a permis d’assurer le succès de ce projet est un institut de crédit financier local (SAC Integral S.A.) qui offre aux foyers défavorisés des microcrédits à un taux d’intérêt avantageux (10 %). Le remboursement du prêt revient à un taux beaucoup plus bas que ce que la moyenne des ménages dépense en lampes à huile, bougies, batteries jetables et chargement de téléphone mobile. Les familles de ces quartiers éclairent leur foyer de façon très sommaire, avec des bougies ou des lampes à huile qu’elles achètent tous les jours. 

Au cours des prochains mois, Rainer et des représentants d’Integral Bank ont planifié une tournée dans les zones rurales pour aider les gens à calculer leurs dépenses d’énergie actuelles ainsi que ce qu’ils pourraient économiser en contractant un microcrédit pour financer l’achat d’un SalvaSol Basic. 

« Dans les zones rurales, une famille dépense en moyenne 15 à 20 US$ par mois en bougies, lampes à huile, batteries jetables et en chargement de téléphone portable tandis que les mensualités à rembourser pour l’achat de ce produit serait de 12 à 13 US$ », souligne Rainer. Le taux de remboursement est calculé sur le prix d’achat du produit, soit 135 à 139 US$. 

L’avantage d’un microcrédit, comparé au système de micro-épargne, est que le client peut utiliser le produit dès que le prêt est décaissé. Cela se fait après que la banque ait évalué son client potentiel – incluant une visite d’un conseiller au domicile du souscripteur. Une fois le contrat signé, la banque envoie directement un chèque au fabricant et le client a le choix entre la livraison à domicile ou le retrait à l’usine. 

Dans des pays comme le Salvador, beaucoup de personnes ont peur de contracter un prêt. L’un des objectifs d’ENFOCA est d’aider les gens qui n’ont pas accès à l’électricité, à prendre conscience « qu’ils vont non seulement pouvoir faire des économies mensuelles mais aussi constater une amélioration de leur qualité de vie », souligne Mutschler-Burghard.